Digital Literacy Gap

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Chers Lectrices et Lecteurs

Voici les dV-News 03-2024 et leur sélection d’articles et liens.

Chaque année, le Bulletin of the Atomic Scientists évalue le temps séparant l’humanité de la catastrophe ultime. L’organisation, a été fondée par Albert Einstein et d’anciens du projet Manhattan en 1945 après les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. Elle est la gardienne de l’horloge symbolique de la fin du monde, la Doomsday Clock, dont l’heure est annoncée chaque mois de janvier depuis 1947. En 2023, le Bulletin indiquait 90 seconde avant minuit, le délai le plus court jamais atteint. Il est inchangé en 2024.

Pour digiVolution, cette «horloge» qui considère dans son calcul les risques nucléaires, le changement climatique, les menaces biologiques et les technologies disruptives est particulièrement pertinente dans son approche systémique. Lecture recommandée!

Le fossé de la littératie numérique

Le titre de ce billet est on ne peut plus clair. Un fossé se creuse. Les deux lettres, I (intelligence) et A (artificielle) sont la tendance du moment. Ne pas en parler au bureau, à Davos, au bistrot ou encore en famille est un critère d’exclusion sociale. «Quoi tu ne sais pas ce qu’est ChatGPT?» qualifierait le pauvre ignare aux gémonies perpétuelles ! Et pourtant, qui comprend vraiment ce que sont ces technologies qui rythment et accompagnent chaque minute de notre existence, d’où elles proviennent, ce qu’elles font ou ne font pas, quelles sont nos responsabilités et droits individuels? Une infime minorité. Beaucoup se vantent et parlent fort, mais dans les faits l’ignorance quant au fait numérique domine. Quel sera le thème des salons en 2025?

Pourquoi la numérisation n’est-elle pas considérée comme une compétence clé, au même titre que lire, écrire ou calculer?  Pourquoi faut-il un permis de conduire pour une mobylette qui fait à peine du 40 km/h et pas pour l’usage d’appareils qui donnent l’accès à nos données les plus intimes et à notre compte en banque? Pourquoi exige-t-on de chaque chef(fe) d’entreprise qu’il/elle maîtrise les fondamentaux de la gestion financière et du personnel et pas de sa numérisation alors qu’une cyberpanne peut entraîner la faillite? Pourquoi n’y a-t-il pas d’équivalent numérique à l’obligation de porter un casque à moto ou la ceinture de sécurité en voiture? En Suisse, ce n’est que depuis 2023 que la négligence dans le traitement des données a commencé timidement à entraîner des suites pénales dans certains domaines et que l’usurpation d’identité est enfin considérée comme un délit?

Être aujourd’hui chef, parent, ou simple citoyen dans une société en mutation numérique devrait entraîner de nouvelles exigences en termes de compétences. Pourtant il n’en est rien et l’écrasante majorité des Suisses ne sont que des consommateurs non éclairés que les fournisseurs de services et de matériels (souvent aussi des vendeurs dont les compétences sont limitées) assomment avec une avalanche de conditions générales et techniques que très peu de personnes lisent et encore moins comprennent. Et ces dispositions exigeant le consentement pour utiliser nos données, qui protègent-elles vraiment et de quoi? Et ce n’est là qu’en extrait des questions auxquelles nous devrions répondre. Car sur quoi fondons-nous finalement la confiance, la résilience et la souveraineté de chaque entité, de l’individu à l’Etat en passant par les entreprises?

Le modèle sociétal dans lequel nous avons grandi et prospéré n’est-il pas largement dépassé par des inventions technologiques que nous ne maîtrisons pas (assez) et les intérêts d’une poignée d’entreprises? Le risque sociétal est-il considéré à sa juste valeur?

Pour digiVolution, cette réalité exige un effort conséquent d’éducation de la population. Il ne s’agit pas de se contenter de distribuer des tablettes dans les écoles et de faire écrire aux enfants quelques lignes de code (ChatGPT le fait…). Une littératie numérique doit être atteinte et continûment développée, à tous les étages de responsabilité et à tous les âges. Complexe, exigeant? Oui. Mais impératif, car ceux qui ont compris et utilisent le potentiel de l’IA creusent toujours plus l’écart.

BOOKS & REPORTS

Voici la liste des livres et publications d’intérêt découverts lors de nos recherches durant les deux dernières semaines. Et sur dVPedia Pro, la rubrique dVLibrary est désormais disponible avec déjà une centaine de titres avec leurs références et un résumé.

News significatives de la quinzaine

La nLPD reçoit son sésame d’équivalence – Le suspens est terminé. L’UE indique dans son rapport du 15 janvier 2024 que le droit suisse en matière de protection des données répond aux standards européens. Les données personnelles pourront donc continuer à circuler de l’UE et de l’EEE vers la Suisse sans garantie supplémentaire. Le 26 janvier s’est toutefois tenue à l’université de Lausanne une conférence sur le thème «Protection des données et vulnérabilité», où un collaborateur du Préposé fédéral à la protection des données et à la transparence a prononcé la phrase suivante rapportée par Le Temps:

La Suisse a progressé avec la nLPD, mais ne nous méprenons pas, car une loi ne protège rien ; elle fixe le cadre et n’est qu’une étape.

A chacun donc de faire sa part dans un environnement résolument complexe à l’exemple de Microsoft qui déclare désormais – et c’est très bien – stocker les données uniquement sur territoire européen pendant que des reproches lui sont adressés en raison des 772 partenaires avec lesquels la firme partage des données utilisateurs. L’énoncé du collaborateur du PFPDT est d’autant plus compréhensible que très prochainement viendront se greffer encore dans l’écosystème les directives relatives à l’IA en cours de finalisation.

Moyens helvétiques de cybersécurité – La publication de l’agenda politique de la législature 2023 à 2027du Conseil fédéral permet de lever un coin de voile sur les moyens mis en œuvre en matière de cybersécurité par la Confédération (budget,  pages 315 et 337). Ce que nous avions déjà rapporté est vérifié: le NCSC est bien devenu un office fédéral, mais avec un budget en 2025 de 14.5 millions CHF (dont 11.7 pour le personnel), puis de 14.8 millions CHF pour les années suivantes, il ne faut pas attendre de miracles. Toutes les statistiques indiquent un doublement des dégâts dus à la cybercriminalité d’ici 2028, une explosion des cas grâce à l’IA, une aggravation de la situation géopolitique, mais à Berne… c’est «courant normal» alors qu’il faudrait doter l’OFCS de moyens conséquents.  S’agissant du commandement cyber de l’armée et des capacités du SEPOS au profit de l’administration fédérale, il faudra d’abord mesurer les effets réels de ce qui a été  annoncé à fin novembre 2023.

Quid de la résilience d’une société sans Internet? – Les avis divergent quant à la résistance d’Internet, mais l’éventualité d’un défaut majeur (par exemple en raison d’une tempête solaire) ne peut en aucun cas être écarté. Une faible probabilité d’occurrence ne saurait servir d’argument pour écarter ce cas de figure.  Qui resterait-il de fonctionnel de notre société hyperconnectée sans Internet ? «OFF», le livre de Solange Ghernaouti, a brillamment montré ce qu’il adviendrait et trois éléments récents aideront à réfléchir: au Pakistan, des interruptions bien pratiques d’Internet semblent être intervenues durant le processus électoral ; car l’Internet dépend étroitement de la volonté politique. Depuis l’enclave de Kaliningrad, la Russie brouille les signaux GPS, [carte] une action qui montre combien cette infrastructure spatiale est fragile alors qu’elle est cruciale pour desservir des régions éloignées. Et deux rappels en image : «10 vor 10» et ZDF.

Minority Report – Génial pour les uns, terrifiant pour les autres… l’IA a été mise à profit pour faire des prédictions générales sur les détails et le cours de la vie des personnes, telles que des prévisions liées à la mort, aux déménagements internationaux et aux traits de personnalité. L’étude a révélé que le nouveau modèle était précis à plus de 78 % pour prédire la mortalité dans la population étudiée sur une période de quatre ans, et qu’il surpassait considérablement les autres méthodes prédictives. Doit-on s’appesantir sur les multiples cas d’usage de nos données personnelles et de telles prévisions? Un bon moyen pour faire comprendre aux gens la valeur de leurs données. S’ils n’ont pas déjà tout donné…!


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Nous vous souhaitons une enrichissante découverte des articles et liens sélectionnés et vous retrouverons dans 15 jours.

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