Cyber Mobilization ?

Cyber Mobilization ?

Cyber Mobilization ? 2500 2123 digiVolution

Chers Lectrices et Lecteurs

Voici les dV-News 04-2024 et leur sélection d’articles et liens.

Les soubresauts géopolitiques n’épargnent pas la Suisse et les questions de défense sont revenues au cœur de débats, parfois dans la douleur, comme celui du « trou de financement » rapporté récemment par les médias. Pour cette 95ème édition, nous avons donc choisi de parler également de défense, en lien avec le projet de révision de la loi militaire en cours de consultation.

Aux (cyber)armes citoyens ?

Quand la nation est attaquée, elle se dresse comme un seul homme (et femme) avec tous ses moyens face à l’ennemi. Et dans le cyber aussi? « Oui, mais », car comme dans de nombreux autres domaines, les pénuries menacent ou sont déjà des réalités. Pénurie de personnel, de matériel, d’énergie, etc. L’armée n’est pas épargnée, mais pour régler ses cyberpénuries, elle entend recourir à la réquisition. Le projet de loi en révision prévoit ainsi, à son article 95, de permettre à l’armée de se servir, si nécessaire, et si le Conseil fédéral l’approuve, des ressources informatiques d’institutions et d’entreprises civiles.

Sur le fond, quoi de plus légitime que l’on donne à l’armée les moyens de remplir sa mission de défendre le pays si les « barbares » sont à nos frontières? À ce moment, tous les moyens devront être mobilisés. Bien, mais que cache cette réalité et cette idée est-elle réalisable? Les obstacles sont légion et nous en avons identifié trois majeurs :

Sur le plan organisationnel et technique, il faudra tout d’abord savoir ce qui est disponible ou pas, et donc à cet effet cartographier les actifs des organisations et des entreprises. Qui tient à jour son inventaire? L’expérience de terrain dont dispose digiVolution montre que seule une petite minorité d’entités le fait. L’imposer engendrera des travaux conséquents. Et chez qui? Il faudra en effet que l’armée indique ce qui l’intéresse pour remplir sa mission. Comment cette information stratégique sera-t-elle protégée? Car il s’agit là du cœur de notre économie et des secrets d’affaires. Et comment cette base de données sera-t-elle maintenue à jour sachant qu’il s’agit d’un domaine dynamique qui change au quotidien? Réquisitionner des chevaux, des machines de chantier ou des camions, c’était facile il y a encore seulement 40 ans, mais comment faire pour des infrastructures de haute technologie? Pas simple!

Et dès lors que l’on parle d’infrastructures, il faut le personnel pour l’exploiter. L’étude de ICT Formation Professionnelle de 2022 montre que l’armée devra aller pêcher dans un réservoir volatile et en cours d’assèchement. Parmi les quelque 250’000 personnes actives dans le domaine ICT en Suisse, 66’000 partiront à la retraite ou changeront d’orientation d’ici 2030, alors que la mutation numérique entraînera d’ici là un besoin supplémentaire d’environ 54’000 personnes. Jusqu’en 2030, ce sont donc près de 120’000 personnes qu’il faudra remplacer, soit près de 40% de l’effectif national de spécialistes ICT. Dans ce grand brassage, 1/3 sera composé de jeunes diplômés (avec quelle expérience dans la défense?), 1/3 devra être gagné à l’étranger (qui pourront travailler pour l’armée?) et 1/3… s’appellera « Monsieur et Madame Vacant »! Et combien de ces hommes et femmes seront déjà mobilisés en uniforme? Et tou(te)s les Suisses(se) informaticien(ne)s incorporé(e)s seront engagés dans leur compétence professionnelle? Le veulent-ils? Et s’ils y sont obligés, quand est-ce que cette question sera réglée? Dès le recrutement? Et ensuite s’ils changent de métier? Et pour tous les professionnel(le)s non mobilisables dans l’armée, combien avec le passeport suisse, combien avec un niveau de sécurité vérifié et donc combien tout simplement engageables? Et les civilistes? Pas plus simple!

Certes, la guerre en Ukraine a montré qu’un formidable mouvement de solidarité pouvait se dresser face à un agresseur. Mais dans ce cas, un troisième problème se présentera, celui du statut de combattant de toutes ces personnes et des infrastructures impliquées qui deviendront alors – si elles sont engagées au profit de la défense militaire – des buts légitimes de guerre pour l’ennemi. Et pour ceux qui deviendront des cybercombattants, le CICR a déjà rendu attentif sur les difficultés et proposé des règles qu’il faudra observer. Et encore pas plus simple!

Le projet de loi a-t-il considéré ces frictions? Et c’est sans compter les objections que l’économie formulera quand elle comprendra les conséquences de cette intention. Car alors comment feront-elles fonctionner le pays ? Pas simple. Un concept détaillé et une analyse systémique s’imposent.

BOOKS & REPORTS

Voici la liste des livres et publications d’intérêt découverts lors de nos recherches durant les deux dernières semaines. Et sur dVPedia, la rubrique dVLibrary est désormais disponible avec déjà une centaine de titres avec leurs références et un résumé.

 

News significatives de la quinzaine

► Réseaux sociaux et politique – C’est un exercice courant au Congrès américain qui passe en général inaperçu en Europe, mais inviter les barons de la tech devant une commission sénatoriale pour les rouer publiquement de coups semble être un sport populaire pour certains politiciens. Chez digiVolution nous nous interrogeons régulièrement au sujet l’entreprise de M. Zuckerberg, mais nous ne pouvons nous satisfaire de la manière dont il a été poussé à un acte de contrition publique après avoir été notamment accusé, comme ses collègues, d’avoir « du sang sur les mains ». Que les géants de la tech portent des responsabilités est indiscutable, mais il a aussi fallu 15 ans à ces élus avant de commencer à s’emparer des problèmes y relatifs et beaucoup ont été jusqu’ici plus prompts à crier à la censure et à la chasse aux sorcières lorsque les réseaux sociaux tentaient de limiter les appels à la haine raciale des supporters de leurs champions. Face à l’IA, de mêmes questions sont à l’ordre du jour et il faut espérer que les solutions viendront plus vite et seront suivies d’actes concrets.

No Power… – Nous l’avons souvent rapporté dans nos billets, sans énergie, pas de cyber. Voilà un sujet qui a miraculeusement disparu des discussions, la faute à des hivers qui jusqu’ici démentent les pronostiques du Conseiller fédéral Parmelin en 2022. Avait-il tort? Probablement pas et le problème est loin d’être réglé, car en admettant que l’initiative « stop au blackout »  soit approuvée par le peuple, des effets tangibles ne seront mesurables que dans de nombreuses années et certainement trop tard. Dans l’intervalle la consommation électrique augmente et trois éléments sont à considérer:  la forte domination chinoise sur les terres rares et de nombreux autres métaux stratégiques, ces éléments indispensables à la production de la quasi-totalité des biens high tech utilisés dans la production électrique ;  les risques croissants que la Chine prenne  le contrôle de Taiwan par la force et que cela entraîne une rupture dans la production de semi-conducteurs au cœur de notre vie et de la régulation énergétique ;  la disparition imminente de la production européenne de panneaux solaires sous les coups de boutoir d’une industrie chinoise dopée aux subventions étatiques. Que restera-t-il d’une illusion de souveraineté en Europe? 


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Nous vous souhaitons une enrichissante découverte des articles et liens sélectionnés et vous retrouverons dans 15 jours.

 

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